En Europe, on trouve deux espèces de milans : le milan noir (Milvus migrans) et le milan royal (Milvus milvus). Quels critères faut-il regarder pour les différencier ?
La forme de la queue
On distingue aisément les milans des autres rapaces grâce à leur queue en forme de V mais elle peut aussi servir à différencier les deux espèces :
Une queue longue et profondément échancrée indique un milan royal.
Une queue courte et triangulaire et sans échancrure indique un milan noir.
Attention ! L’échancrure peut varier en fonction de l’attitude de l’oiseau et de la position de l’observateur. Elle est peu visible lorsque l’oiseau a ses rectrices écartées. De plus, la profondeur de l’échancrure du milan royal est variable d’un individu à l’autre et le milan noir peut lui-même avoir une queue légèrement échancrée. Dans ce cas cas, il vaut mieux regarder d’autres critères…
La couleur de la tête
Selon une idée reçue, le milan noir aurait la tête sombre et le milan royal aurait la tête pâle. Ce n’est pas tout à fait exact. La tête est toujours pâle chez le milan royal mais, chez le milan noir, sa couleur varie d’un individu à l’autre. On trouve des milans noirs avec une tête aussi pâle que que celle du milan royal.
Si la tête est sombre, on peut dire qu’on est en présence d’un milan noir, mais si elle est pâle alors il faut regarder d’autres critères.
Les digitations
Les digitations sont les plumes situées à l’extrémité des ailes et qui font penser à des doigts : 6 pour le milan noir et 5 pour le milan royal.
Voilà un critère facile ! Hé bien, pas toujours :
- selon l’attitude de l’oiseau, les rémiges sont plus ou moins resserrées, ce qui ne facilite pas le comptage ;
- la dernière plume est nettement plus petite et pas toujours visible ;
- l’oiseau peut avoir perdu une plume accidentellement, par exemple suite à un combat avec un corvidé ou un autre rapace ;
- lors de la mue, il est fréquent de voir des milans avec des rémiges manquantes.
Alors, si on voit 6 « doigts » distincts, on peut affirmer que c’est un milan noir. S’il y en a 5, cela donne un indice mais il faut se méfier et regarder d’autres critères pour confirmer.
L’envergure
Le milan noir est plus petit que le milan royal. Le milan royal a une plus grande envergure et une silhouette plus élancée, avec des ailes plus longues par rapport au corps. C’est souvent flagrant quand on voit les deux espèces voler ensemble mais ce n’est pas toujours un critère pertinent lorsque l’individu est seul ou qu’il se trouve loin de l’observateur. D’autant que les grands milans noirs peuvent rivaliser en taille avec les petits milans royaux…
La couleur du plumage
Le milan noir a un plumage assez uni et sombre, tandis que celui du milan royal est plus clair, teinté de roux et bien plus contrasté.
Chez le milan royal, les panneaux alaires — aussi appelés « fenêtres » — sont nettement blancs. La queue est rousse sur le dessus, pâle sous le dessous. Les plumes des panneaux alaires et de la queue diffusent bien la lumière du soleil.
Le milan noir peut avoir des panneaux alaires (ou pas) mais ceux-ci sont bien plus ternes. La queue est gris-brun. Les plumes des panneaux alaires et de la queue sont plus opaques.
La couleur est un excellent critère pour différencier les deux espèces mais il n’est pas toujours exploitable selon la distance de l’observateur, la luminosité et la qualité de la photo.
Le cri
Le milan royal pousse de longs cris doux ou stridents avec des tonalités montantes et descendantes :
Le milan noir émet des cris nettement plus saccadés semblables à un ricanement :
Saison et zone géographique
Comme son nom scientifique l’indique, le milan noir (Milvus migrans) et un migrateur. Il hiverne en Afrique et revient en Europe au printemps.
Le milan royal, lui, est migrateur partiel. Les individus du Nord de l’Europe migrent dans des régions plus chaudes et les individus sudistes résident à l’année. Entre les deux, certains individus migrent d’autres restent sur place.
Donc si on aperçoit un milan en hiver sous la neige, il y a fort à parier qu’il s’agisse d’un milan royal ! 🙂
Hybridation
Il faut savoir que le milan royal et le milan noir peuvent occasionnellement s’hybrider pour donner naissance à un individu Milvus milvus × Milvus migrans qui possède un mélange de caractéristiques des deux espèces. Ça reste un phénomène rare, mais il est intéressant de savoir que cela existe.
Conclusion
Il y a de nombreux critères permettant de différencier le milan noir et le milan royal mais il y a également de nombreuses façons de se faire piéger. Quand on est loin, que la luminosité n’est pas très bonne ou que la photo n’est pas très détaillée, il vaut mieux faire appel à plusieurs critères afin d’éviter les confusions.
Aperçu un milan royal je suppose. Volant de piquets de vignes en piquets de vignes . Ailes claires très coudées et pointes noires.
Maine et loire , dans les vignobles de Brissac
Très intéressant, bravo et merci.
J’habite dans le nord de l’Isère, aux confins de l’Ain et de la Savoie, près du fleuve Rhône. Souvent de magnifiques milans tournoient parfois à assez basse altitude. Hélas je les redoute beaucoup car mon chien pèse 1kg7.. D’après votre article, il s’agit de royaux, d’autant qu’ils sont présents en plein hiver lorsque la neige est là.
Merci pour votre commentaire !
Vous n’avez rien a craindre pour votre chien. Les milans chassent des micromammifères (mulots, campagnols…), des lézards, des amphibiens, des petits oiseaux. Rarement, il peut s’en prendre à un pigeon ramier (moins de 600 g). Un petit chien, même d’1,7 kg, c’est trop gros pour lui.
Je viens enfin de déterminer le rapace qui m’ intrigue depuis longtemps dans le ciel d’ Ugine-Faverges : le milan royal . Grâce à la forme de sa queue et sa grosse tache blanche sous les ailes .
Il se fait attaquer par les corneilles …
Merci pour votre site !
Merci Vianney, excellent article de référence comme on en voudrait plus.