Votre attention a été captée par ce délicieux gâteau qu’est le kouign amann (à moins que ça ne soit le charme des bigoudènes ?), c’est donc l’occasion de découvrir un comportement tout à fait fascinant chez le gypaète barbu, ce vautour majestueux qui se nourrit d’os et qui vit dans les zones montagneuses.

Gypaète subadulte – CC-BY Noel Reynolds / Kouign amann – CC-BY Jean-Marc Alberg

Quand il est en âge de soutenir le vol sur de grandes distances, le jeune gypaète commence par explorer les montagnes du secteur où il est né, ensuite il s’aventure un peu dans les massifs voisins et puis un jour…

Un jour, il se tire ! Il s’envole loin de chez lui, porté par ses envies et par les courants atmosphériques. Il peut alors parcourir de grandes distances et faire d’étonnants voyages.

Adonis : un voyage inattendu

Retraçons le périple d’Adonis, un jeune gypaète introduit en France dans les Grands Causses (Massif Central) en 2014 et équipé d’une balise GPS lors de son lâcher.

En mai 2015, il quitte son territoire direction le NooOord. Il traverse toute la France, survole la Belgique et se retrouve en Allemagne où un habitant l’aperçoit perché sur un arbre. Il explore le Nord du pays pendant un petit moment et il atteint même Hambourg !

Ensuite, visiblement en manque de contrées montagnardes, il prend la route du Sud pour se rendre en Suisse où il décide de séjourner un an. Parce que, parce que… parce que pourquoi pas ?

Après cette pause, il redécolle pour retourner en France. Il passe quelques semaines dans les Alpes du Sud et plus précisément dans les Baronnies, un haut lieu pour l’observation des vautours.

Mais ce n’est pas fini ! Il reprend les airs en direction de l’Est, cette fois. Il traverse l’Italie du Nord, l’Autriche, s’établit quelques temps en Slovaquie et décrit des boucles à travers la Pologne, la Biélorussie, l’Ukraine et la Hongrie !

En Roumanie, sa balise tombe en rade, on perd alors sa trace, ce qui est très inquiétant pour l’équipe de suivi.

Mais quelques semaines plus tard, alors qu’on le croyait qu’on le croyait peut-être mort… SURPRISE ! Il réapparaît subitement dans les Grands Causses non loin de là où il est parti. Voilà ce que donne son incroyable voyage tracé sur carte.

Carte du trajet d’Adonis
La bière roumaine « Adonis »

Son trajet retour reste un mystère, mais tout est bien qui finit bien pour Adonis qui s’est maintenant sédentarisé dans les Grands Causses. Pour fêter son retour, les Roumains se sont même mis à brasser une bière en son honneur ! Merci à eux !

Jeunes baroudeurs

C’est une sorte de rituel chez les gypaètes de partir explorer le monde avant de revenir dans se sédentariser près de leur lieu d’origine. Un voyage initiatique avant l’entrée vers l’âge adulte, en somme ! Cela rappelle certains humains qui partent barouder à travers le monde après leurs études avant de revenir mener une vie de famille plus pépère.

Mais c’est aussi une aventure périlleuse, certains n’en reviennent jamais. Les dangers sont multiples : lignes à haute tension, difficulté pour trouver de la nourriture, conflits avec d’autres rapaces lors de la traversée de leurs territoires, tirs de braconnage, empoisonnement…

Découverte de l’Armorique

Vous allez dire : « C’est palpitant tout ça, mais quel rapport avec le pays des galettes de blé noir et du caramel au beurre salé ? Ne me dis pas que… ? »

Hé ben si ! En 2014, un gypaète nommé Layrou, lui aussi originaire des Grands Causses a fait son petit voyage à travers la France, survolant le Poitou, le Centre, la Normandie pour enfin atteindre Brest où il restera 4 jours avant de reprendre la direction du Massif Central.

Malheureusement, sur son trajet retour, Layou a été victime d’un tir volontaire, un acte totalement illégal puisque tous les rapaces sont des espèces protégées en France. Heureusement, il a pu être retrouvé grâce à sa balise GPS. Il était très affaibli mais a pu être soigné puis relâché dans les Grands Causses.

Un voyage Armorique qui a bien failli coûter cher !

Carte du trajet de Layrou

En même temps… on comprend Layrou… c’est joli la Bretagne, non ? 🙂

CC-BY-NC-ND Nell’s Journey
CC-BY Antoine Jamin

2020 : Nord, Touraine, Normandie…

Plus récemment, d’autres excursions de jeunes gypaètes ont été signalées hors de leur territoire montagneux :

Gypaète au-dessus des falaises normandes , près du Havre – Quentin Giquel

Alors, où que vous soyez, gardez un œil sur le ciel ! Avec un peu beaucoup de chance, vous verrez peut-être un gypaète !

Gypaète subadulte – CC BY Noel Reynolds

2 commentaires

  • Merci c’est passionnant la vie de ces oiseaux .
    Il y a pas mal d’années , j’avais appris qu’un vautour du Verdon avait été récupéré à Berlin !

  • Hello, voilà qui me rassure un peu, j’ai cru avoir la berlue mi-juillet. En cours de migration estivale moi-même et accompagné de ma nichée, nous avons en effet vu un oiseau assez remarquable survoler l’autouroute A6 (à hauteur d’Auxerre). Ma compagne me demande, “c’est quoi, c’est gros non ?” – silence – incrédulité – “Un gypaète barbu ma chérie” ! Votre article très sympathique me redonne l’espoir de ne pas avoir rêvé… et m’apprend qu’un autre de ces grands et beaux oiseaux a fait un tour dans ma ville d’origine il y a quelques années détail que j’ignorais !

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