En me baladant dans le massif des Bauges un jour brumeux de Novembre, j’aperçois furtivement un petit mustélidé brun qui se déplace dans un pierrier. À 1760 mètres d’altitude, ce doit être une hermine ! L’endroit est propice, il comporte beaucoup de cachettes pour elle-même et pour ses proies. Mais que fait-elle encore avec ce pelage estival ? Il n’a pas fait suffisamment froid pour débuter sa mue ? Il y a pourtant déjà de la neige. Il faut que je la retrouve. Je scrute les cavités, les amoncèlements de blocs… la voilà ! Elle me laisse juste le temps de prendre quelques clichés avant de disparaitre sous une roche.
Critères d’identification
Sa vivacité et sa distance m’ont empêché de l’observer distinctement mais heureusement les photos vont pouvoir m’aider. À ma grande surprise, sa queue est courte et n’est pas terminée par un pinceau noir. Serait-ce donc une belette ? Ça serait étonnant si haut. La belette est plutôt une espèce qu’on trouve en plaine. Elle peut être présente en montagne mais elle y rare. Sa proche cousine l’hermine y est bien plus courante car elle occupe quasiment la même niche écologique mais est nettement plus adaptée à l’environnement d’altitude grâce à son pelage hivernal qui se fond dans la neige.
Alors, comment distinguer l’hermine de la belette ?
Hermine
Mustela erminea
- 17-32,5 cm / 175-350 g
- queue longue terminée par un pinceau noir (on trouve cependant des individus à la queue sectionnée)
- pelage brun/blanc avec démarcation régulière
- la zone blanche du pelage descend jusque sur les pattes
- pelage blanc en hiver excepté le bout de la queue
Belette d’Europe
Mustela nivalis
- 14-30 cm / 30-150 g
- queue courte sans pinceau noir
- pelage brun/blanc avec démarcation irrégulière
- du pelage brun sur les pattes
- le pelage hivernal reste brun pour les populations d’Europe de l’Ouest (sauf exception)
- taches brunes sous les joues
Outre l’absence de pinceau noir, on distingue une tache brune sous la joue, du brun sur les pattes et la démarcation brun/blanc est irrégulière. C’est donc bien une belette !
Rare en altitude
Alors que l’hermine vit en plaine et jusqu’à plus de 3000 mètres, la belette se contente généralement des altitudes plus basses. En Haute-Savoie, elle s’observe surtout en plaine et en milieu collinéen. Elle devient rare à partir de 1000 mètres et on ne compte qu’une poignée d’observations au-dessus de 1700 mètres.
J’ai donc eu beaucoup de chance de faire cette rencontre à une altitude où cette espèce est une rareté !